Je m’endors au bord du monde pour réveiller ce qui disparaît

L’exposition Je m’endors au bord du monde pour réveiller ce qui disparaît de Wieslawa Nowicka offre une plongée poétique dans des territoires oniriques, où paysage, rêve et mémoire dialoguent. Issues du projet pluridisciplinaire Sleepy Conversations, les œuvres – peintures, gravures et vidéos – captent des instants d’abandon : des corps assoupis ou endormis, blottis dans des paysages silencieux. Ces moments suspendus, précaires et transitoires, cherchent à renouer un lien sacré, depuis longtemps rompu, entre l’humain et le monde naturel.
Initié en 2024 lors d’une résidence artistique en Norvège, ce projet s’inscrit dans une recherche menée depuis plusieurs années sur notre rapport à la nature et à l’environnement, nourrie par plusieurs séjours dans les pays nordiques. Dans la lignée des peintres romantiques du XIXe siècle, l’artiste interroge à la fois l’immensité et la vulnérabilité du paysage, en explorant notamment les espaces naturels liminaires, situés aux abords du pôle Arctique.
Au cœur de son processus de création, l’artiste engage son propre corps. La dimension performative s’incarne dans l’expérience même du paysage : elle se met en scène, comme une présence silencieuse et discrète qui épouse les formes et les lignes des espaces qu’elle investit.
Dans les tableaux de Wieslawa Nowicka, le paysage devient un refuge, un lieu de repli. Il conserve la mémoire du temps, recueille les récits et les traces de l’histoire, et enveloppe des corps endormis. Plus qu’un motif, le sommeil – sujet central dans l’œuvre de l’artiste – devient un dispositif de connexion profonde avec la nature. Ce moment de dépossession, source d’inspiration féconde, nourrit dans les œuvres de Wieslawa Nowicka une relation sensible et spirituelle avec le vivant.
À travers une approche contemplative, elle nous interroge sur les problématiques environnementales contemporaines, notamment sur les défis posés par les bouleversements climatiques et la mise en danger des espaces naturels. Les œuvres nous invitent à une prise de conscience et à repenser notre place dans un monde en mutation.
Ce projet en cours connaîtra un prolongement exceptionnel en novembre, lors d’une résidence au Centre d’art Kulttuuri Kauppila en Finlande. Cette opportunité permettra à l’artiste d’approfondir ses recherches et d’enrichir sa démarche créative au contact direct des paysages nordiques. Les fruits de cette immersion seront partagés en temps réel à la Galerie F., sous la forme d’un journal de bord virtuel nourri de textes, d’images et de réflexions.